Rendez-vous pour contrôler le M&M's qui grossit dans le haut de mon sein gauche. A voir la tête du radiologue, le M& M's a changé de catégorie. Echographie, biopsie. Je repars avec un pansement sur le sein, des clichés dans mon sac, le coeur lourd et mille questions dans la tête.
ler rendez-vous à l'hôpital de Pontoise. Entre-temps, les examens se sont enchaînés. Leurs résultats ont confirmé le diagnostic supposé : cancer.
1er rendez-vous à l'hôpital de Pontoise, donc. Rencontre avec le Docteur Vautier-Rit qui prend le temps de m'expliquer (schémas à l'appui), de m'informer, de détailler le plan de bataille. "Ça se soigne, ça se soigne; mais il va falloir taper vite et fort !"
Demain : oncologue OK
Chimio OK
Opération, on verra ce qu'on enlève OK
Peut-être re-chimio, en cachets OK
Radiothérapie OK
et escrime OK, hein ?! Escrime ? Là, j'ai eu besoin de quelques secondes pour remettre mes idées en ordre. Les perfusions, les cachets ,la salle d'opération, les rayons, tout ça je m'y attendais. Je voyais bien à quoi ça servait et le rapport avec mon M&M's. Mais l'escrime ?! Ca doit être un nom de protocole ou de médicament.
Mais non... Le Docteur Vautier-Rit me remet un flyer et, pas de doute, l'image représente une femme avec un sabre enplein combat.
"Il va falloir taper vite et fort"... Ces mots résonnent différemment...
Fraîchement opérée (3 semaines), je prends la direction de la salle d'armes. Beaucoup d'appréhension et de stress: comment ça va se passer ? Qu'est ce qu'on va me demander ? Qu'est ce qu'on fait ici ? Et si j'y arrive pas? Parce que question physique, c'est pas la forme olympique. Les chimios m'ont laissée à plat.
L'accueil est chaleureux et on sent tout de suite que la bienveillance règne ici. Hop, hop, hop: une veste, un plastron, un masque, un gant et un sabre. Bienvenue ! Les exercices physiques commencent, chacune à son rythme, chacune en fonction de ses capacités du jour.
L'un des objectifs est de récupérer de la mobilité au niveau de l'épaule. On enchaîne : lever le bras, rotations dans un sens puis l'autre, salut, attaques, parades, ripostes. Et tout ça avec l'arme dans la main gauche alors que je suis droitière. Le maître est d'une patience infinie et ses conseils résonnent dans la salle comme nos rires (Arlette c'est par-là, le p'tit chien qui fait pipi ,la Tour Eiffel et tant d'autres métaphores. Pour les non-initiés, je vous laisse vous rapprocher de lui). On enchaîne aussi les pauses qui sont l'occasion d'échanger sur nos parcours médicaux et nos parcours de vie. Les anciennes donnent des conseils sur la fatigue ,les conséquences de la radiothérapie, la repousse des cheveux, les cures thermales. Ça fait du bien !
Très vite, le vendredi après-midi devient un rendez-vous incontournable. Un mélange de dépense physique et de récupération mentale. Un espace sans jugement. Une bulle de bien-être entre les séances de rayons. Peu à peu, je récupère physiquement et moralement.
Un autre sport m'attend... La reprise du travail. Il va falloir reprendre l'habitude de respecter un planning, des horaires, rencontrer régulièrement les mêmes personnes pour parler de ce qui nous réunit mais également parler de nos vies personnelles à la pause café. Il va falloir accueillir les nouveaux arrivants et les stagiaires. Mais là, je n'ai aucune appréhension, parce que l'escrime ,c'est tout ça aussi. Je suis prête, je sais faire, je le fais chaque semaine.Je me sens confiante.
Reprise à 30% d'abord puis 50% puis 75%, en ajoutant des demi-journées par-ci par-là puis des journées complètes. 2 demi-journées sont non négociables: le mercredi après-midi pour mes enfants et le vendredi après-midi pour l'escrime. Ça tombe bien ,le directeur a fait de l'escrime dans sa jeunesse et m'encourage dans cette voie. Je réalise la chance que j'ai.
Cela fait plusieurs mois que j'ai rendu mon équipement et que je ne fréquente plus la salle d'armes. C'est aussi ça l'escrime, un espace-temps pour construire la vie d'après. Un espace-temps qui n'a pas la même longueur pour chacune. J'ai éprouvé le besoin à un moment de ne plus venir et de me tourner vers d'autres activités physiques (notamment la marche, merci Kiplin). Mais l'escrime reste pour toujours une partie importante de mon parcours de vie comme la maladie ou les traitements.
10 ans qu'Escrime Riposte existe. Je souhaite que ce programme dure encore longtemps et que de nombreuses femmes puissent y trouver tout ce qu'il m'a apporté.
Joyeux anniversaire !
Avoir une activité physique ou sportive est essentiel dans les suites d'un cancer du sein.
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